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" ECRANS ET LUMIERE BLEUE "

  • colinerib
  • Nov 16, 2024
  • 3 min read

L’œil et le cerveau des enfants et des adolescents sous la lumière des écrans



Par de mauvais usages, la bienfaisante lumière peut se révéler une redoutable pollueuse. L’œil et le cerveau des enfants et des adolescents en sont alors victimes.


La lumière est une radiation électromagnétique qui véhicule une énergie capable, quel que soit l’âge, d’endommager les photorécepteurs rétiniens. L’exposition aux diodes électroluminescentes (LEDs), qui sont, en candela par mètre carré, mille fois plus lumineuses que les lampes à incandescence, est source d'éblouissement et peut s’avérer photo-toxique pour la rétine.

Alors que la lumière solaire et les anciennes sources d’éclairage artificiel ont une énergie homogène dans la bande du spectre visible, les LEDs disponibles actuellement émettent un pic d’émission de lumière bleue, proche du rayonnement ultra-violet, dont les effets délétères sur la rétine sont connus.

Cette photo-toxicité rétinienne n’est pas une brûlure aiguë, comme après l’observation imprudente d’une éclipse solaire. L’exposition chronique aux LEDs induit des lésions cellulaires d’ordre photo-chimique particulièrement néfastes pour la rétine maculaire située au centre de la rétine et assurant la vision fine.

La photo-protection par des verres anti-UV et anti-lumière bleue est cruciale, surtout pour les enfants et adolescents dont le cristallin est très translucide.

Cette exposition s’avère, de plus, délétère la nuit, car elle inhibe la régénération physiologique nocturne des photo-pigments rétiniens contenus dans les photo-récepteurs. Ces pigments sont consommés le jour pour initier le phénomène de la vision, et régénérés la nuit dans une l’obscurité qui doit être totale.

L’homme est bien un être à activité diurne et repos nocturne.

L’horloge interne, située dans l’hypothalamus, pilote les processus biologiques cycliques d’une durée d’environ 24 heures. Elle est sous le contrôle de facteurs génétiques (gènes d’horloge), physiologiques (alternance veille-sommeil) et environnementaux (alternance lumière-obscurité). La bande bleue du spectre lumineux est la plus active sur l’horloge. Le signal lumineux est transmis à l’horloge puis, après de nombreux relais, à la glande pinéale qui secrète la mélatonine, hormone-clé considérée comme l’aiguille de l’horloge.

L’organisme est synchronisé lorsque cet ensemble fonctionne en harmonie avec l’environnement, c’est-à-dire est exposé à la lumière le jour et à l’obscurité la nuit, l’humain étant un être diurne.

Lors d’expositions chroniques à la lumière durant la nuit, y compris d’écrans (smartphones, tablettes, ordinateurs), des troubles du rythme veille-sommeil apparaissent en lien avec une désynchronisation de l’horloge interne.

De nombreux adolescents s’exposent aux écrans, y compris tard la nuit.


Les données sur la santé, le vécu scolaire et les comportements préjudiciables pour la santé des élèves de 11, 13 et 15 ans de 45 pays de la région Europe de l’OMS, ont révélé que 30 % des adolescents communiquent en ligne, y compris tard le soir avec, pour certains, une véritable addiction à internet ou aux jeux vidéo. Chez ces adolescents, en résulte un sommeil tardif, lié à une augmentation de la vigilance générée par un retard de phase de l’horloge et à une inhibition de la sécrétion de mélatonine, impliquée dans l’endormissement.


En France, alors que les besoins en sommeil de l’adolescent sont d’environ 9 heures par nuit, 14 % des collégiens et 29 % des lycéens dorment moins de 7 heures les jours de classe.

Une dette de sommeil est présente chez 26 % des collégiens et 43 % des lycéens. Elle a pour corollaire une fatigue le matin au lever, rapportée par 30 % des collégiens et 40 % des lycéens, et une altération des capacités d’apprentissage liée à une diminution de la vigilance et de l’attention, dont résulte une baisse des résultats scolaires pouvant aller jusqu’au retard scolaire, le travail scolaire étant jugé stressant par 31% d’entre eux.

De plus, sont soulignés les troubles de l’humeur (stress, anxio-dépression) et du comportement avec violence et hyperactivité, ainsi que des perturbations métaboliques (17 % des garçons et 11 % des filles sont en surpoids ou obèses à 11 ans), en lien avec l’inactivité physique et la consommation d’aliments sucrés.

Ces enfants et adolescents se trouvent ainsi dans un état de désynchronisation, appelé « jet-lag social », caractérisé par une dissociation dans laquelle le temps biologique (l’horloge interne) et le temps astronomique (la montre) sont dissociés de la vie sociale.

La récupération du sommeil durant le week-end ne fait que conforter la désynchronisation de l’adolescent.


Par l’importance de la population concernée et des pathologies qui en résultent, l’exposition chronique des enfants et adolescents à la lumière des écrans durant la nuit est un problème de santé publique. En induisant une phototoxicité rétinienne et une dérégulation du rythme veille-sommeil, source de perturbations du sommeil, de troubles cognitifs et de l’humeur, le mésusage des écrans (smartphones, tablettes) mène à un concentré de pollution lumineuse, délétère pour l’adolescent, qui en est un grand utilisateur.


Source : Académie nationale de médecine

 
 
 

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